ANDRE

Publié le par Jardin de Pauline

Dans les années 80, mes parents tiennent une boulangerie, l'école n'est pas pour moi, alors, pour que je ne tourne pas mal mon père dit un jour « je vais lui apprendre le métier ».

C'est le plus beau cadeau qu'il m'ait fait, il m'a donné un métier en or.

Après l'obtention de mon C.A.P. de boulanger-pâtissier, je travaille avec mes parents et une de mes sœurs, mes deux autres sœurs et mon frère ayant choisi d'autres carrières.

Photo-Andr---I.jpgJ'adore ce métier, nous avons 2 dépôts à La Garde mais à la fin des années 80 une mauvaise gestion nous fait vendre les boulangeries. Pour poursuivre ma passion professionnelle je pars une fois à St Tropez, une autre à Paris... 

En 1992, suite à une hépatite C, mon père meurt, lui qui m'avait tout appris : d'abord la vie, mais aussi mon métier. Sa disparition est une grande douleur, en plus voir ma mère sans un sou, jusqu'à ne pas pouvoir payer les obsèques de son mari me rend fou. Mon coeur de fils me fait commettre la plus grosse bêtise de ma vie, j'en arrive à tenter un braquage à main armée qui échoue et qui me vaut un an de prison.

A ce moment, je rencontre celle qui m’a rendu à la fois le plus heureux et le plus malheureux des hommes. Je suis d'abord son amant pendant 2 ans et comme nous sommes très amoureux, elle divorce pour vivre avec moi. Nous avons rapidement un petit garçon, Adrien, la plus belle chose que j'ai su faire.

En 2002, tout change. Après des accusations injustes de ma femme au sujet de notre fils, je suis sanctionné par 24 heures de garde à vue. Elle part avec Adrien sans prévenir, sans donner d'adresse.

Effondré, j'accepte une place de boulanger à La Farlède où je loge en tenant le coup comme je peux. Mais faire semblant d'aller bien alors que mon fils me manque terriblement ne peut pas durer, au bout de 6 mois c'est la dégringolade. Après 2 tentatives de suicide je suis hospitalisé en psychiatrie. A ma sortie de la clinique Saint Martin, je me sens mieux mais je ne sais plus où aller, ma mère m'accueille chez elle.

Un an s'écoule sans savoir où est mon fils. En menant mon enquête je finis par le retrouver à La Beaucaire alors qu'on m'avait dit qu'il était au Portugal, il était simplement à côté de moi…


Et cette fois c'est mon coeur de père qui me met à nouveau dans l'erreur. A la sortie de l'école j'emmène Adrien avec moi, mais même entre un papa et son enfant c'est un kidnapping, la gendarmerie vient le chercher au bout de 15 jours.

Une fois de plus, je sombre dans la dépression mais jamais dans l'alcool, moi, quand je vais mal j’essaie de plaisanter et de rire, c'est ça ma drogue. En attendant d'être jugé je vois Adrien 2 fois par mois dans un point rencontre pour parents et enfants de 10 heures à 14 h heures avec même la possibilité de manger avec lui. Au fur et à mesure des rencontres je trouve qu’il va mieux et moi aussi par la même occasion.

Mais un jour Adrien arrive avec des marques sur le corps, il me dit que c'est le nouveau copain de maman qui lui a fait ça. Je monte chez eux, nous nous battons, la police intervient et me voilà une fois de plus en garde à vue.

Mon fils et sa maman déménagent avec son nouveau compagnon à Toulouse. Je suis jugé et n'ai plus droit qu'à 1 coup de fil par mois.

Quelques temps après je rencontre une fille avec qui j'emménage rapidement mais elle boit, elle me met dehors dès qu'elle est saoule. La situation est vite intenable, surtout que je veux récupérer mon fils, il ne doit pas vivre ça, mais comme je n'ai nulle part où aller je subis et prends mon mal en patience.

Mon assistante sociale me parle du jardin, l'idée me plaît de suite il faut absolument que je vois des gens si je ne veux pas à nouveau perdre la tête. A la Pauline je m'y sens rapidement bien et je me fais très vite des amis comme Ralph et Georges que j'aime beaucoup.

Francis qui loge provisoirement au jardin a eu la chance de trouver un appartement donc la place va être libre alors...

Photo-Andr---II.jpgEt me voilà pour l'instant “Gardien du jardin”, c'est la première fois depuis mes problèmes que je suis heureux et posé. Je m'occupe des animaux, du jardin quand il n'y a personne, j'aime tout ce qui est vivant et déjà je me sens la force d'avoir des projets.

Mon objectif reste d'élever mon fils, je veux qu'il soit heureux et qu'il ne devienne pas un voyou. J'aimerais de tout mon coeur qu'il vive avec moi, mais ça c'est une autre histoire...

Publié dans Paroles de jardiniers

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