BRIGITTE

Publié le par Jardin de Pauline

Je suis née en 1959 à Perpignan. A 2 ans ma famille déménage à Bourg en Bresse pour nous rapprocher de mes grands-parents. J’ai 13 ans lorsque mes parents divorcent. Maman s’en va, mon grand frère et moi restons avec mon père pendant 1 an puis je rejoins ma mère à Grenoble lorsque mon frère s’engage dans la marine.
Quand j’arrive là-bas, je suis au collège en 4ème mais les études ne me plaisent plus du tout, alors, je fais un stage pour être mécanicienne en confection c’est-à-dire couturière sur machine.
Je commence à travailler à 16 ans, 5 ans après je me marie mais cette union ne dure qu’un an. Mon mari passe plus de temps avec sa mère qu’avec moi, cette situation est trop dure à supporter. Nous n’avons pas d’enfants, je préfère mettre un terme à tout ça avant que la situation ne devienne vraiment problématique.

Je poursuis ma vie, rythmée par les horaires de l’usine : une fois en cartonnerie, une autre à souder des pièces chez Thomson. Je ne reste jamais longtemps sans travailler.

En 1981, je ressens le besoin de rejoindre mon frère, marin à Toulon. A Carqueiranne, je trouve un emploi dans la confection, je fais des survêtements et des bobs pour les clubs de foot.
Cette même année, je rencontre celui qui allait devenir le père de mon fils. Nous nous installons aux Loubes. 2 ans plus tard un très bon ami de mon compagnon nous propose de retaper entièrement un vieux cabanon, il nous le cède 3 ans sans payer de loyer. Au départ, il n’y avait que 4 murs et une fenêtre, nous avons tout fait : une chambre, une salle de bain, un grand salon, une salle à manger et même une belle cheminée en pierre. Mais hélas, comme convenu, 3 ans plus tard nous repartions laissant une superbe maison.

Partant de là, nous sommes hébergés chez le père de mon compagnon à Carqueiranne. A ce moment-là, je travaille à DBC dans l’emballage de fruits et de légumes, nous sommes en 1986. Cyril mon fils naît quelques mois plus tard. La cohabitation se poursuit entre mon compagnon, son père, mon fils et moi.
En 1993, je vois une annonce ; la mairie de Carqueiranne recrute du personnel. Je suis engagée en C.E.S puis en C.E.C. pour faire ; le ménage, le service de la cantine, le ramassage scolaire. 7 ans passent et c’est le chômage. Au bout d’un an, ne retrouvant toujours pas de travail, j’ai recours au R.M.I. couple ; nous sommes en 2001.
La situation devient impossible, j’assume seule le ménage, les courses, mon fils. Mon compagnon ne fait jamais rien et passe le peu d’argent qu’il a dans la chasse ou la pêche mais jamais pour la maison et de plus il est violent. Je lui pose un ultimatum, ou il change ou je pars. Sa réponse est que je n’en suis pas capable. Mon fils a 18 ans, il est en apprentissage et suffisamment autonome. Moi, je ne supporte plus cette vie, je prends mes cliques et mes claques et pars.
La police municipale comprend ma situation et m’envoie vers le C.H.R.S. d’urgence de Hyères où l’on ne peut rester que la nuit, mais la journée reste difficile dans le froid. Le C.H.R.S. m’oriente vers le S.A.O. (service accueil et orientation) de Toulon qui téléphone au foyer de l’Accueil Femina à La Garde, une place vient de se libérer, je l’occupe immédiatement, nous sommes le 22 décembre 2005. Ce n’est pas vraiment la grande forme, je pèse 37 KG, l’équipe là-bas m’aide énormément, ils me remontent le moral et me disent que je vais m’en sortir.

Au mois de mars, j’apprends qu’il existe une association qui propose aux Rmistes de travailler 2 jours par semaine, l’activité consiste à remettre en état des chaussures pour les distribuer à des associations. Un éducateur du foyer téléphone, je me mets à travailler immédiatement. En juillet le travail se termine et Jean-Christophe, éducateur à l’accueil Femina, me parle du Jardin de Pauline. Il m’emmène le visiter. Le lendemain j’intègre l’équipe.
Le jardin me fait beaucoup de bien, on y travaille, on y rigole, on s’y engueule. C’est le reflet d’une vie normale. Je m’entends bien avec tout le monde, j’ai commencé à m’occuper des fraises, à les ramasser, les peser…les manger des fois.
Maintenant, je suis responsable des carottes, ça me plaît même si c’est quelquefois difficile parce qu’elles sont basses et dures à arracher.
Quand nous sommes allés au Forum pour l’emploi, j’ai rencontré 2 associations à qui j’ai donné mes coordonnées pour faire du portage de repas à domicile pour les personnes âgées. On doit me donner une réponse, mais l’urgence est de trouver un logement car je ne pourrais rester au foyer au-delà du mois de décembre.

Publié dans Paroles de jardiniers

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